Déraillement de train à Lac-Mégantic

Un déraillement de train provoque plusieurs explosions
dans le centre-ville de Lac-Mégantic

6 juillet 2013


Mise à jour du 8 juillet 2013 : Nous avons reçu une demande officielle de la Ville de Lac-Mégantic de retirer du site les photos publiées le 6 juillet, ces dernières étant dorénavant considérées comme des éléments d'une scène de crime. Nous avons immédiatement acquiescé à la demande des autorités et vous remercions de votre compréhension.


Mise à jour du 3 décembre 2013 : Le 25 novembre 2013, nous avons fait une demande officielle à la ville de Lac-Mégantic pour obtenir la permission de publier à nouveau, sur notre site internet, les photos prises par René Jobin. Monsieur Denis Lauzon, directeur du service incendie de Lac-Mégantic nous a donné cette permission. Nous avons profité de cette mise à jour pour ajouter quelques photos, ainsi que des notes explicatives sous certaines photos.



Texte et photos: René Jobin
rene.jobin@spiq.ca

 

Samedi, le 6 juillet 2013. La petite municipalité de Lac-Mégantic, en Estrie, allait vivre une catastrophe d'une ampleur surréaliste. Un train, transportant des matières dangereuses, déraille en plein centre-ville et provoque, sous la force des multiples explosions, la destruction de plusieurs résidences et commerces.

Je suis photographe pour SPIQ.ca depuis 9 ans. J'ai couvert plusieurs interventions incendie. Cependant, ce matin, à mon réveil, jamais je n'aurais cru vivre une journée si bouleversante. Voici le récit de cette journée qui n'aurait jamais dû exister.

8h45. Comme à tous les matins, je prends quelques minutes pour faire le tour du web, question de prendre connaissance des dernières nouvelles. C'est à ce moment que j'apprends la tragédie. Les photos se font rares, si ce n'est que quelques images prises pendant la nuit. Quelque chose me pousse à me rendre sur place. Alors que je quitte la résidence, et que je suis sur les routes de la Beauce en direction de Lac-Mégantic, je n'ai aucune idée de ce qui m'attend sur place. Je n'ai non plus aucune idée de la façon dont je vais aborder mon reportage.

Suite à une brève communication avec mon patron, Christian Thibault, il est convenu que SPIQ.ca ira à Lac-Mégantic pour offrir son aide au service incendie de la municipalité. L'aide que nous avons convenu de leur apporter est simple; documenter la tragédie, à l'aide de photos. Ces photos pourront par la suite être utilisées pour les archives de la municipalité.

10h30. Arrivé sur place, je me suis entretenu quelques instants avec le directeur du service des incendies de Lac-Mégantic, monsieur Denis Lauzon. Je lui ai donc offert notre offre de service, offre qu'il a immédiatement acceptée. Alors que je suis en direction de la zone d'intervention, je n'ai encore aucune idée de l'ampleur du sinistre. Très rapidement, la situation se précise. Comment qualifier la vision que j'ai à cet instant? Il est tout simplement impossible de trouver les mots. Les termes "apocalypse" ou encore "surréaliste" semblent si faibles pour résumer la scène qui s'offre à mes yeux.

J'ai l'impression d'être téléporté dans un village d'Europe, pendant la Seconde guerre mondiale. Des maisons ne sont plus qu'un amas de briques, seules quelques cheminées ont résisté et tiennent en place. Les arbres, calcinés, ne sont que des flèches noires qui pointent vers le ciel. Des carcasses de voitures complètement brûlées. La vie semble s'être arrêtée, c'est un sentiment indescriptible. Lors de mon déplacement dans la ville, j'ai l'occasion de discuter avec des petits groupes de pompiers au repos. Tout comme moi, ils sont sans mot. Ils ne comprennent tout simplement pas, ils sont dépassés par les événements. De l'autre côté de la rue, un pompier s'exclame devant une maison en ruines; "Aye, je connais le gars qui habite ici".

Lors de cette journée de désolation, j'ai aussi vu la beauté. La beauté de l'entraide. Plusieurs services d'incendie sont venus prêter main forte à Lac-Mégantic. J'ai vu des pompiers des municipalités de Saint-Robert, Saint-Georges-de-Beauce, Saint-Romain, Lac-Drolet, Saint-Gédéon, La Guadeloupe, Sherbrooke, Sainte-Cécile-de-Whitton, Eustis (Maine) et New Vineyard (Maine), travailler dans une belle solidarité.

Ce soir, je vais me coucher avec un mélange de sentiments; la fierté du devoir accompli, mais aussi la tristesse d'une journée qui n'aurait jamais dû exister.

Les membres de SPIQ.ca dirigent leurs pensées positives vers le directeur du service des incendies de Lac-Mégantic, monsieur Denis Lauzon, ainsi qu'à tous les pompiers présents sur place.




Carte du centre-ville de Lac-Mégantic.
Le nuage rouge correspond à la zone de destruction totale. Le point rouge est le lieu approximatif de déraillement du train.

Les premiers instants de mon arrivée à Lac-Mégantic, au nord de la ville, par la rue Laval. Il est alors 10h18.

Photo prise dès mon arrivée au stationnement de l'Hôtel de ville de Lac-Mégantic.
C'est dans les locaux de l'Hôtel de ville que j'ai fait la rencontre de monsieur Denis Lauzon afin d'obtenir les autorisations d'accès.

Rue Frontenac. Cette photo démontre la rapidité avec laquelle les clients de ce bar ont quitté les lieux.

Deux villes de l'état du Maine, aux États-Unis, ont fait parvenir des effectifs pour venir en aide aux pompiers sur place.
Sur la photo, un camion-citerne de la ville d'Eustis.

Côté Est de la rue Frontenac. La structure orangée correspond au magasin Dollorama. À partir de ce point, la destruction est totale.

Côté Ouest de la rue Frontenac. L’ancienne église Saint-Andrew's (bâtiment incendié de gauche) abritait un restaurant.

L'intersection du Boulevard des Vétérans et de la Rue Kelly.
Il est possible de voir, au sol, la trace laissée par la coulée de pétrole enflammé.

Boulevard des Vétérans. Les arbres, calcinés, ne sont que des flèches noires qui pointent vers le ciel.

Parc des Vétérans. Il ne reste que la structure métallique de ce banc de parc.

Boulevard des Vétérans.

Boulevard des Vétérans. Le poteau électrique a presque entièrement disparu suite à la carbonisation. Il ne reste que les équipements métalliques.

Rue Milette. À droite, une maison de style néo-Queen Anne, construite en 1907. Elle fût miraculeusement épargnée par les flammes.

Photo prise près de l'intersection des rues Cartier et Laval. À 75 mètres de là, les citernes sont toujours la proie des flammes.

Rue du Québec Central.

Les éléments décoratifs de la porte du 3770 Rue du Québec Central ont fondu sous l'effet de la chaleur radiante.

Rue du Québec Central. Un pompier arrose les décombres de ce qui semblait être trois immeubles résidentiels.

Photo prise à partir du terrain de la caserne de pompiers de la rue Milette.
Les citernes en flammes se situent à 100 mètres. À droite de la photo, il ne reste que les décombres d'un immeuble commercial et résidentiel de trois étages.

Les photos suivantes ont été prises dans la Ruelle du Centre-Ville, entre les rues Milette et Thibodeau.

Retour sur le Boulevard des Vétérans.
À gauche de la photo, on peut apercevoir une maison, située de l'autre côté de la rue, qui n'a pas été touchée par la coulée de pétrole en flammes.

Intersection des rues Frontenac et Thibodeau. Au loin, nous pouvons apercevoir l'église Sainte-Agnès.

Photo prise à partir du 2e étage de la caserne de pompiers de la rue Milette. La rue Frontenac traverse la photo de gauche à droite.
Le Musi-Café se situe tout près de la cheminée noire au centre de la photo.

Copyright © 2013 SPIQ.CA, Tous droits réservés.